
Modérateur: Equipe Comptes rendus
PIMASS a écrit:Bravo Spike pour ce CR et cette course dantesque !
J'avais moi aussi cru à un DNF en suivant le live de mon coéquipier Daniel qui finit en 35 h...
Félicitations confraternelles![]()
![]()
Et bien sur j'imagine qu'après la course ce qu'il fallait à Spike, c'est un lit![]()
![]()
spikeb91 a écrit::hello:![]()
Voici le cr de mon aventure en terre Ardéchoise.
Je vais tout rédiger à la troisième personne, pas que j'ai chopé le melon, mais cette course, nous l'avons faite à deux avec Manumds.
Les prémices
J'ai toujours pensé que ça n'était pas une course pour moi. Trop dure. Et d'ailleurs c'était clairement marqué dans le règlement (que j'avais lu par hasard) qu'il fallait justifier d'une course du même acabit, ce qui n'était pas mon cas. Jusqu'au jour où je suis tombé sur une discussion fb entre Anthony et Nico Barreau, qui parlaient de l'UA, et qui à ma connaissance n'avaient pas ce genre de références.
Ils m'ont un peu chauffé.
Et je suis faible![]()
J'ai fini par appelé Lolo et envoyer mon bulletin, d'une main tremblante.
Ça n'est pas que je m'étais soudainement laissé poussé les couilles, juste que j'aurais eu trop de regrets en suivant les copains sur mon ordi comme je venais de le faire quelques jours plus tôt avec le Spartathlon (oui, je me suis inscrit tôt)
Comme quoi, on n'est pas obligé de parler du Spartathlon dans un cr de l'UA, mais ça peut arriver.
Rendez vous est donc pris en Ardèche pour le joli moi de mai...
L'entrainement
La théorie c'était ça:
Augmenter progressivement le volume jusqu'à pouvoir faire des semaines de plus de 100 pour le mois d'avril.
Bouffer des côtes.
Répartir ça en phases conclues par des objectifs intermédiaires.
1) phase de vitesse () ---> 6h de Lisses (ça sera finalement 6h en off à Palaiseau, Cloclo
)
2) travail de marche ---> Paris Mantes (l'idée m'avait été soufflée par un certain Manumds, un soir de débauche parisienne)
3) phase de force avec muscu toussa toussa et côtes ---> Ecotrail (tiens, avec Manumds)
4) phase spécifique axé sur la vs ---> reco de l'U2B ( 64km 2200 D+)
5) récup
J'ai à peu près respecté ces 4 phases sauf que je n'ai vraiment pas beaucoup fait de muscu![]()
L'avant course
Manu et moi avons opté pour le train, moins de fatigue. Nous devons nous retrouver dans le même "carré" de tgv, mais au final, c'est dans le wagon bar que nous nous donnons du courage quelques idées de progression et notamment le fait de faire au moins une vraie pause au 117ème si nous arrivons avec assez d'avance. Je me souviens que ça m'avait bien réussi au 24h de Champigneulles et j'essaye de convaincre Manu. Comme on n'a pas le droit à la bière, on boit du café, peut-être un peu trop mais il me faut vraiment évacuer tout ce stress.
Question drop bags, ça sera vêtements chauds au 72, frontale au 95 et vêtements secs et frais au 186.
Arrivée à Alboussière, nous sommes accueillis par Laurent et invités à déposer nos fameux drop bags dans les caisses adéquates (comme Sheila).
Je vais monter ma tente sous une pluie fine, je suis déjà mouillé et j'ai déjà froid.
Du coup, petite nuit. Seul le café du matin me réchauffera un peu.
La course
Lolo avait prévenu, départ à 6h tapantes !
L'allure est tranquille, ça discute pas mal et les kilomètres défilent rapidement jusqu'au premier objectif, la barrière horaire du kilomètre 56, atteinte avec 1h15 d'avance. La première grosse bosse va arriver avec le col de l'Ardéchoise. On monte doucement mais sûrement en alternant marche et course. Ça grimpe mais ça n'est pas équivalent à ce qu'on a fait trois semaines avant dans les Vosges. C'est donc plutôt frais que nous arrivons au R7 où nous attend de quoi se sécher et se couvrir un peu plus.
Là, j'ai la désagréable surprise de trouver Nico Barreau, assis, vapote à la bouche et bière à la main. Je le remotive comme je peux mais c'est sans lui que nous repartons à l'assaut du fameux Gerbier !
La grimpette se fait bien encore une fois et sans souci jusqu'au Gerbier.
Nous y retrouvons Steph Dessartine qui a décidé d'arrêter, et JB qui a l'air en forme. Il me rassure (j'en ai besoin) sur notre progression et me dit qu'on devrait arriver avec deux heures d'avance à BH2 (Km 117). Ainsi soit-il, nous continuons notre chemin en laissant là Nico, qui nous avait repris quelques temps plus tôt, mais en y laissant un peu trop de jus.
Plus que 9 km avant le R10 où nous attendent nos deuxièmes drop bags dans lesquels se trouve ma frontale. On y arrive avant la nuit, ouf !!!
Il faut maintenant se goinfrer les 18 km de descente vers St Pierre, le fameux toboggan Ardéchois qui va faire tant de dégâts. Si nous l'avons bien encaissé par rapport à certains qui y ont laissé des plumes (ou des quadris), c'est quand même là que nous avons commencé à trouver les kilomètres de plus en plus longs, et l'arrivée à BH2 ne se fera qu'avec 1h40 d'avance. Je mange une bonne purée en compagnie de David Antoine, il a tout filmé le coquin. On y retrouve Anthony qui se remet doucement d'un malaise au ravito précédent.Il m'annonce le DNF de Magoo
. Je lui dit que nous allons faire une micro sieste (20') et il se décide à repartir avec nous. Impossible de dormir, mais je sais que ces pauses font du bien pour l'avoir expérimenté à Champipi, sur les conseils de Vieux Lion.
C'est donc à trois que nous repartons à la conquête de la deuxième moitié du parcours (enfin un peu moins, mais finalement un peu plus, enfin je me comprends...). Et ça monte. et ça descend aussi, mais quand ça descend t'as envie que ça remonte et inversement. La pause nous a fait du bien, mais pas très longtemps. Plus que le parcours, c'est la fatigue qui va se montrer impitoyable. Anthony a abandonné, je ne sais pas dire quand. Sa femme qui l'assiste nous a même proposé de nous attendre au ravito suivant, juste au cas où on bacherait. Invitation polie mais qui aurait pu nous achever, nous déclinons tout aussi poliment. Pendant les 3/4 heures du cœur de la nuit, nous allons progresser à une vitesse extrêmement faible. Peut-être 4 Km/h, et encore. Mentalement c'est très dur. Surtout que nous avons le gros coup de mou tous les deux en même temps et qu'à ce moment là il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. La seul pensée qui me fait tenir à ce moment là, c'est que je n'ai pas le droit d'abandonner Manu. Mais...
Il fait nuit.
Il pleut depuis des heures.
Je suis trempé.
Je grelotte.
Nous zigzaguons dangereusement sur la route.
J'ai des hallucinations, et Manu aussi.
Tout espoir de terminer m'a quitté.
C'est cuit.
C'est cet état mental qui me fera dire à Manu une phrase avec laquelle il n'est pas prêt d'arrêter de me chambrer : "Quand on n'a pas le niveau on ne s'inscrit pas sur ce genre de course !"
Et le tournant de la course, c'est maintenant !
Quatre concurrents arrivent de l'arrière, ils ne vont pas vite mais nous avons l'impression qu'il fondent sur nous.Quand ils nous passent, Manu me dit : "On ne va pas rendre les armes comme ça ? On va faire un baroud d'honneur et on verra bien ! "
Chiche !
Merci Manu, ta détermination sans faille a fait basculer notre course du bon côté !![]()
![]()
Le jour se lève.
La pluie s'est arrêté pour quelques instants.
Nous reprenons les quatre coureurs.
Nous arrivons à remarcher normalement et même à courir un peu, puis de plus en plus.
C'est là que la machine à calculer se remet en route dans ma caboche rassérénée !
BH3 Km 165 Dead Line 8h30
Ça peut passer !
Nous retrouvons Mimi Chevillon qui nous avait fait faux bon depuis longtemps. Je connais sa réputation de serial finisheuse, elle ne bâche jamais ! Si on est avec elle c'est que ça peut le faire !
On cravache pour refaire notre retard de la nuit, et on arrive finalement à BH3 à 8h21... On en repartira à 8h26.
Isa nous dit qu'après, il n'y a qu'à dérouler. Ça met du baume au cœur mais c'est pas vrai !![]()
Ça monte, et ça monte raide. Mais le mental est revenu, et les jambes aussi, hors de question de lâcher quoique ce soit. Le plan c'est d'optimiser tous les ravitos, voire de zapper celui qui arrive pour pouvoir prendre un peu de temps pour se changer à celui d'après. Bon, c'était sans compter sur l'accueil chaleureux des bénévoles qui nous cajolent un peu trop pour l'occasion. On y passera 20 minutes![]()
R19, le tant attendu R19 où nous avons des habits secs (et oui, comme des cons nous n'avions aucun drop bags entre le 95 et le 165) ! On se change le plus vite possible et on repart. Au taquet. De toutes façons on n'a pas le choix.
Le tronçon le plus dur sera Chalencon-Chateauneuf 12.8 km à parcourir en 2h00 et c'est pas plat du tout !
Arrivé là haut, on me dit que j'ai un problème de balise, je suis annoncé dnf. Du coup je comprends mieux pourquoi mon téléphone n'arrête pas de sonner. Pas grave, il faut enchainer. Surtout qu'on a perdu du temps sur ce tronçon et que mes estimations me disent plutôt 19h30 que 19h00 au camping.
On déclenche l'opération coup de poing, Cyrano 4'/1'. Dès que ça descend ou que c'est plat, on court.
Dernier tronçon 9,5 Km, c'est fou mais ça va passer !
On a tellement peur de ne pas rentrer que je vais motiver manu à accélérer jusqu'au bout du bout.
Enfin la descente vers le camping, on voit l'arche au loin, les copains sont autour de nous, c'est l'ivresse des derniers hectomètres.
On se prend la main et on franchit l'arche comme dans un rêve !
L'accueil est exceptionnel ! Hors norme ! Tout le monde est là et nous applaudit !
C'est magique !
Les larmes montent et je ne fais rien pour les retenir, c'est tellement beau ! Quelle grande famille d'ultra !
Je n'oublierai jamais ces moments en ta compagnie, Manu![]()
Une bière (Merci Oliver), une douche, le repas et la remise des prix, je vais vivre tout ça dans un état second et j'ai encore des hallucinations en rentrant avec Christophe vers le camping...
Je vais mettre quelques jours à m'en remettre, surtout la grosse ampoule sous le pied droit qu'Isa a même photographiée au 186.
Merci à tout ceux qui nous ont encouragé, sur le parcours ou à distance, merci à Lolo et Isa pour leur magnifique et terrible épreuve, aux bénévoles sans qui rien n'est possible.
Bien sûr merci à ma femme et mes enfants qui supportent (comprennent ?) mes délires.![]()
C'est vrai.sergio95 a écrit:spikeb91 a écrit::hello:![]()
Voici le cr de mon aventure en terre Ardéchoise.
Je vais tout rédiger à la troisième personne, pas que j'ai chopé le melon, mais cette course, nous l'avons faite à deux avec Manumds.
Les prémices
J'ai toujours pensé que ça n'était pas une course pour moi. Trop dure. Et d'ailleurs c'était clairement marqué dans le règlement (que j'avais lu par hasard) qu'il fallait justifier d'une course du même acabit, ce qui n'était pas mon cas. Jusqu'au jour où je suis tombé sur une discussion fb entre Anthony et Nico Barreau, qui parlaient de l'UA, et qui à ma connaissance n'avaient pas ce genre de références.
Ils m'ont un peu chauffé.
Et je suis faible![]()
J'ai fini par appelé Lolo et envoyer mon bulletin, d'une main tremblante.
Ça n'est pas que je m'étais soudainement laissé poussé les couilles, juste que j'aurais eu trop de regrets en suivant les copains sur mon ordi comme je venais de le faire quelques jours plus tôt avec le Spartathlon (oui, je me suis inscrit tôt)
Comme quoi, on n'est pas obligé de parler du Spartathlon dans un cr de l'UA, mais ça peut arriver.
Rendez vous est donc pris en Ardèche pour le joli moi de mai...
L'entrainement
La théorie c'était ça:
Augmenter progressivement le volume jusqu'à pouvoir faire des semaines de plus de 100 pour le mois d'avril.
Bouffer des côtes.
Répartir ça en phases conclues par des objectifs intermédiaires.
1) phase de vitesse () ---> 6h de Lisses (ça sera finalement 6h en off à Palaiseau, Cloclo
)
2) travail de marche ---> Paris Mantes (l'idée m'avait été soufflée par un certain Manumds, un soir de débauche parisienne)
3) phase de force avec muscu toussa toussa et côtes ---> Ecotrail (tiens, avec Manumds)
4) phase spécifique axé sur la vs ---> reco de l'U2B ( 64km 2200 D+)
5) récup
J'ai à peu près respecté ces 4 phases sauf que je n'ai vraiment pas beaucoup fait de muscu![]()
L'avant course
Manu et moi avons opté pour le train, moins de fatigue. Nous devons nous retrouver dans le même "carré" de tgv, mais au final, c'est dans le wagon bar que nous nous donnons du courage quelques idées de progression et notamment le fait de faire au moins une vraie pause au 117ème si nous arrivons avec assez d'avance. Je me souviens que ça m'avait bien réussi au 24h de Champigneulles et j'essaye de convaincre Manu. Comme on n'a pas le droit à la bière, on boit du café, peut-être un peu trop mais il me faut vraiment évacuer tout ce stress.
Question drop bags, ça sera vêtements chauds au 72, frontale au 95 et vêtements secs et frais au 186.
Arrivée à Alboussière, nous sommes accueillis par Laurent et invités à déposer nos fameux drop bags dans les caisses adéquates (comme Sheila).
Je vais monter ma tente sous une pluie fine, je suis déjà mouillé et j'ai déjà froid.
Du coup, petite nuit. Seul le café du matin me réchauffera un peu.
La course
Lolo avait prévenu, départ à 6h tapantes !
L'allure est tranquille, ça discute pas mal et les kilomètres défilent rapidement jusqu'au premier objectif, la barrière horaire du kilomètre 56, atteinte avec 1h15 d'avance. La première grosse bosse va arriver avec le col de l'Ardéchoise. On monte doucement mais sûrement en alternant marche et course. Ça grimpe mais ça n'est pas équivalent à ce qu'on a fait trois semaines avant dans les Vosges. C'est donc plutôt frais que nous arrivons au R7 où nous attend de quoi se sécher et se couvrir un peu plus.
Là, j'ai la désagréable surprise de trouver Nico Barreau, assis, vapote à la bouche et bière à la main. Je le remotive comme je peux mais c'est sans lui que nous repartons à l'assaut du fameux Gerbier !
La grimpette se fait bien encore une fois et sans souci jusqu'au Gerbier.
Nous y retrouvons Steph Dessartine qui a décidé d'arrêter, et JB qui a l'air en forme. Il me rassure (j'en ai besoin) sur notre progression et me dit qu'on devrait arriver avec deux heures d'avance à BH2 (Km 117). Ainsi soit-il, nous continuons notre chemin en laissant là Nico, qui nous avait repris quelques temps plus tôt, mais en y laissant un peu trop de jus.
Plus que 9 km avant le R10 où nous attendent nos deuxièmes drop bags dans lesquels se trouve ma frontale. On y arrive avant la nuit, ouf !!!
Il faut maintenant se goinfrer les 18 km de descente vers St Pierre, le fameux toboggan Ardéchois qui va faire tant de dégâts. Si nous l'avons bien encaissé par rapport à certains qui y ont laissé des plumes (ou des quadris), c'est quand même là que nous avons commencé à trouver les kilomètres de plus en plus longs, et l'arrivée à BH2 ne se fera qu'avec 1h40 d'avance. Je mange une bonne purée en compagnie de David Antoine, il a tout filmé le coquin. On y retrouve Anthony qui se remet doucement d'un malaise au ravito précédent.Il m'annonce le DNF de Magoo
. Je lui dit que nous allons faire une micro sieste (20') et il se décide à repartir avec nous. Impossible de dormir, mais je sais que ces pauses font du bien pour l'avoir expérimenté à Champipi, sur les conseils de Vieux Lion.
C'est donc à trois que nous repartons à la conquête de la deuxième moitié du parcours (enfin un peu moins, mais finalement un peu plus, enfin je me comprends...). Et ça monte. et ça descend aussi, mais quand ça descend t'as envie que ça remonte et inversement. La pause nous a fait du bien, mais pas très longtemps. Plus que le parcours, c'est la fatigue qui va se montrer impitoyable. Anthony a abandonné, je ne sais pas dire quand. Sa femme qui l'assiste nous a même proposé de nous attendre au ravito suivant, juste au cas où on bacherait. Invitation polie mais qui aurait pu nous achever, nous déclinons tout aussi poliment. Pendant les 3/4 heures du cœur de la nuit, nous allons progresser à une vitesse extrêmement faible. Peut-être 4 Km/h, et encore. Mentalement c'est très dur. Surtout que nous avons le gros coup de mou tous les deux en même temps et qu'à ce moment là il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. La seul pensée qui me fait tenir à ce moment là, c'est que je n'ai pas le droit d'abandonner Manu. Mais...
Il fait nuit.
Il pleut depuis des heures.
Je suis trempé.
Je grelotte.
Nous zigzaguons dangereusement sur la route.
J'ai des hallucinations, et Manu aussi.
Tout espoir de terminer m'a quitté.
C'est cuit.
C'est cet état mental qui me fera dire à Manu une phrase avec laquelle il n'est pas prêt d'arrêter de me chambrer : "Quand on n'a pas le niveau on ne s'inscrit pas sur ce genre de course !"
Et le tournant de la course, c'est maintenant !
Quatre concurrents arrivent de l'arrière, ils ne vont pas vite mais nous avons l'impression qu'il fondent sur nous.Quand ils nous passent, Manu me dit : "On ne va pas rendre les armes comme ça ? On va faire un baroud d'honneur et on verra bien ! "
Chiche !
Merci Manu, ta détermination sans faille a fait basculer notre course du bon côté !![]()
![]()
Le jour se lève.
La pluie s'est arrêté pour quelques instants.
Nous reprenons les quatre coureurs.
Nous arrivons à remarcher normalement et même à courir un peu, puis de plus en plus.
C'est là que la machine à calculer se remet en route dans ma caboche rassérénée !
BH3 Km 165 Dead Line 8h30
Ça peut passer !
Nous retrouvons Mimi Chevillon qui nous avait fait faux bon depuis longtemps. Je connais sa réputation de serial finisheuse, elle ne bâche jamais ! Si on est avec elle c'est que ça peut le faire !
On cravache pour refaire notre retard de la nuit, et on arrive finalement à BH3 à 8h21... On en repartira à 8h26.
Isa nous dit qu'après, il n'y a qu'à dérouler. Ça met du baume au cœur mais c'est pas vrai !![]()
Ça monte, et ça monte raide. Mais le mental est revenu, et les jambes aussi, hors de question de lâcher quoique ce soit. Le plan c'est d'optimiser tous les ravitos, voire de zapper celui qui arrive pour pouvoir prendre un peu de temps pour se changer à celui d'après. Bon, c'était sans compter sur l'accueil chaleureux des bénévoles qui nous cajolent un peu trop pour l'occasion. On y passera 20 minutes![]()
R19, le tant attendu R19 où nous avons des habits secs (et oui, comme des cons nous n'avions aucun drop bags entre le 95 et le 165) ! On se change le plus vite possible et on repart. Au taquet. De toutes façons on n'a pas le choix.
Le tronçon le plus dur sera Chalencon-Chateauneuf 12.8 km à parcourir en 2h00 et c'est pas plat du tout !
Arrivé là haut, on me dit que j'ai un problème de balise, je suis annoncé dnf. Du coup je comprends mieux pourquoi mon téléphone n'arrête pas de sonner. Pas grave, il faut enchainer. Surtout qu'on a perdu du temps sur ce tronçon et que mes estimations me disent plutôt 19h30 que 19h00 au camping.
On déclenche l'opération coup de poing, Cyrano 4'/1'. Dès que ça descend ou que c'est plat, on court.
Dernier tronçon 9,5 Km, c'est fou mais ça va passer !
On a tellement peur de ne pas rentrer que je vais motiver manu à accélérer jusqu'au bout du bout.
Enfin la descente vers le camping, on voit l'arche au loin, les copains sont autour de nous, c'est l'ivresse des derniers hectomètres.
On se prend la main et on franchit l'arche comme dans un rêve !
L'accueil est exceptionnel ! Hors norme ! Tout le monde est là et nous applaudit !
C'est magique !
Les larmes montent et je ne fais rien pour les retenir, c'est tellement beau ! Quelle grande famille d'ultra !
Je n'oublierai jamais ces moments en ta compagnie, Manu![]()
Une bière (Merci Oliver), une douche, le repas et la remise des prix, je vais vivre tout ça dans un état second et j'ai encore des hallucinations en rentrant avec Christophe vers le camping...
Je vais mettre quelques jours à m'en remettre, surtout la grosse ampoule sous le pied droit qu'Isa a même photographiée au 186.
Merci à tout ceux qui nous ont encouragé, sur le parcours ou à distance, merci à Lolo et Isa pour leur magnifique et terrible épreuve, aux bénévoles sans qui rien n'est possible.
Bien sûr merci à ma femme et mes enfants qui supportent (comprennent ?) mes délires.![]()
Encore toutes mes félicitations Guillaume avec Manu vous avez fait une course de rêve![]()
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jbj a écrit:C'est vrai.sergio95 a écrit:spikeb91 a écrit::hello:![]()
Voici le cr de mon aventure en terre Ardéchoise.
Je vais tout rédiger à la troisième personne, pas que j'ai chopé le melon, mais cette course, nous l'avons faite à deux avec Manumds.
Les prémices
J'ai toujours pensé que ça n'était pas une course pour moi. Trop dure. Et d'ailleurs c'était clairement marqué dans le règlement (que j'avais lu par hasard) qu'il fallait justifier d'une course du même acabit, ce qui n'était pas mon cas. Jusqu'au jour où je suis tombé sur une discussion fb entre Anthony et Nico Barreau, qui parlaient de l'UA, et qui à ma connaissance n'avaient pas ce genre de références.
Ils m'ont un peu chauffé.
Et je suis faible![]()
J'ai fini par appelé Lolo et envoyer mon bulletin, d'une main tremblante.
Ça n'est pas que je m'étais soudainement laissé poussé les couilles, juste que j'aurais eu trop de regrets en suivant les copains sur mon ordi comme je venais de le faire quelques jours plus tôt avec le Spartathlon (oui, je me suis inscrit tôt)
Comme quoi, on n'est pas obligé de parler du Spartathlon dans un cr de l'UA, mais ça peut arriver.
Rendez vous est donc pris en Ardèche pour le joli moi de mai...
L'entrainement
La théorie c'était ça:
Augmenter progressivement le volume jusqu'à pouvoir faire des semaines de plus de 100 pour le mois d'avril.
Bouffer des côtes.
Répartir ça en phases conclues par des objectifs intermédiaires.
1) phase de vitesse () ---> 6h de Lisses (ça sera finalement 6h en off à Palaiseau, Cloclo
)
2) travail de marche ---> Paris Mantes (l'idée m'avait été soufflée par un certain Manumds, un soir de débauche parisienne)
3) phase de force avec muscu toussa toussa et côtes ---> Ecotrail (tiens, avec Manumds)
4) phase spécifique axé sur la vs ---> reco de l'U2B ( 64km 2200 D+)
5) récup
J'ai à peu près respecté ces 4 phases sauf que je n'ai vraiment pas beaucoup fait de muscu![]()
L'avant course
Manu et moi avons opté pour le train, moins de fatigue. Nous devons nous retrouver dans le même "carré" de tgv, mais au final, c'est dans le wagon bar que nous nous donnons du courage quelques idées de progression et notamment le fait de faire au moins une vraie pause au 117ème si nous arrivons avec assez d'avance. Je me souviens que ça m'avait bien réussi au 24h de Champigneulles et j'essaye de convaincre Manu. Comme on n'a pas le droit à la bière, on boit du café, peut-être un peu trop mais il me faut vraiment évacuer tout ce stress.
Question drop bags, ça sera vêtements chauds au 72, frontale au 95 et vêtements secs et frais au 186.
Arrivée à Alboussière, nous sommes accueillis par Laurent et invités à déposer nos fameux drop bags dans les caisses adéquates (comme Sheila).
Je vais monter ma tente sous une pluie fine, je suis déjà mouillé et j'ai déjà froid.
Du coup, petite nuit. Seul le café du matin me réchauffera un peu.
La course
Lolo avait prévenu, départ à 6h tapantes !
L'allure est tranquille, ça discute pas mal et les kilomètres défilent rapidement jusqu'au premier objectif, la barrière horaire du kilomètre 56, atteinte avec 1h15 d'avance. La première grosse bosse va arriver avec le col de l'Ardéchoise. On monte doucement mais sûrement en alternant marche et course. Ça grimpe mais ça n'est pas équivalent à ce qu'on a fait trois semaines avant dans les Vosges. C'est donc plutôt frais que nous arrivons au R7 où nous attend de quoi se sécher et se couvrir un peu plus.
Là, j'ai la désagréable surprise de trouver Nico Barreau, assis, vapote à la bouche et bière à la main. Je le remotive comme je peux mais c'est sans lui que nous repartons à l'assaut du fameux Gerbier !
La grimpette se fait bien encore une fois et sans souci jusqu'au Gerbier.
Nous y retrouvons Steph Dessartine qui a décidé d'arrêter, et JB qui a l'air en forme. Il me rassure (j'en ai besoin) sur notre progression et me dit qu'on devrait arriver avec deux heures d'avance à BH2 (Km 117). Ainsi soit-il, nous continuons notre chemin en laissant là Nico, qui nous avait repris quelques temps plus tôt, mais en y laissant un peu trop de jus.
Plus que 9 km avant le R10 où nous attendent nos deuxièmes drop bags dans lesquels se trouve ma frontale. On y arrive avant la nuit, ouf !!!
Il faut maintenant se goinfrer les 18 km de descente vers St Pierre, le fameux toboggan Ardéchois qui va faire tant de dégâts. Si nous l'avons bien encaissé par rapport à certains qui y ont laissé des plumes (ou des quadris), c'est quand même là que nous avons commencé à trouver les kilomètres de plus en plus longs, et l'arrivée à BH2 ne se fera qu'avec 1h40 d'avance. Je mange une bonne purée en compagnie de David Antoine, il a tout filmé le coquin. On y retrouve Anthony qui se remet doucement d'un malaise au ravito précédent.Il m'annonce le DNF de Magoo
. Je lui dit que nous allons faire une micro sieste (20') et il se décide à repartir avec nous. Impossible de dormir, mais je sais que ces pauses font du bien pour l'avoir expérimenté à Champipi, sur les conseils de Vieux Lion.
C'est donc à trois que nous repartons à la conquête de la deuxième moitié du parcours (enfin un peu moins, mais finalement un peu plus, enfin je me comprends...). Et ça monte. et ça descend aussi, mais quand ça descend t'as envie que ça remonte et inversement. La pause nous a fait du bien, mais pas très longtemps. Plus que le parcours, c'est la fatigue qui va se montrer impitoyable. Anthony a abandonné, je ne sais pas dire quand. Sa femme qui l'assiste nous a même proposé de nous attendre au ravito suivant, juste au cas où on bacherait. Invitation polie mais qui aurait pu nous achever, nous déclinons tout aussi poliment. Pendant les 3/4 heures du cœur de la nuit, nous allons progresser à une vitesse extrêmement faible. Peut-être 4 Km/h, et encore. Mentalement c'est très dur. Surtout que nous avons le gros coup de mou tous les deux en même temps et qu'à ce moment là il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. La seul pensée qui me fait tenir à ce moment là, c'est que je n'ai pas le droit d'abandonner Manu. Mais...
Il fait nuit.
Il pleut depuis des heures.
Je suis trempé.
Je grelotte.
Nous zigzaguons dangereusement sur la route.
J'ai des hallucinations, et Manu aussi.
Tout espoir de terminer m'a quitté.
C'est cuit.
C'est cet état mental qui me fera dire à Manu une phrase avec laquelle il n'est pas prêt d'arrêter de me chambrer : "Quand on n'a pas le niveau on ne s'inscrit pas sur ce genre de course !"
Et le tournant de la course, c'est maintenant !
Quatre concurrents arrivent de l'arrière, ils ne vont pas vite mais nous avons l'impression qu'il fondent sur nous.Quand ils nous passent, Manu me dit : "On ne va pas rendre les armes comme ça ? On va faire un baroud d'honneur et on verra bien ! "
Chiche !
Merci Manu, ta détermination sans faille a fait basculer notre course du bon côté !![]()
![]()
Le jour se lève.
La pluie s'est arrêté pour quelques instants.
Nous reprenons les quatre coureurs.
Nous arrivons à remarcher normalement et même à courir un peu, puis de plus en plus.
C'est là que la machine à calculer se remet en route dans ma caboche rassérénée !
BH3 Km 165 Dead Line 8h30
Ça peut passer !
Nous retrouvons Mimi Chevillon qui nous avait fait faux bon depuis longtemps. Je connais sa réputation de serial finisheuse, elle ne bâche jamais ! Si on est avec elle c'est que ça peut le faire !
On cravache pour refaire notre retard de la nuit, et on arrive finalement à BH3 à 8h21... On en repartira à 8h26.
Isa nous dit qu'après, il n'y a qu'à dérouler. Ça met du baume au cœur mais c'est pas vrai !![]()
Ça monte, et ça monte raide. Mais le mental est revenu, et les jambes aussi, hors de question de lâcher quoique ce soit. Le plan c'est d'optimiser tous les ravitos, voire de zapper celui qui arrive pour pouvoir prendre un peu de temps pour se changer à celui d'après. Bon, c'était sans compter sur l'accueil chaleureux des bénévoles qui nous cajolent un peu trop pour l'occasion. On y passera 20 minutes![]()
R19, le tant attendu R19 où nous avons des habits secs (et oui, comme des cons nous n'avions aucun drop bags entre le 95 et le 165) ! On se change le plus vite possible et on repart. Au taquet. De toutes façons on n'a pas le choix.
Le tronçon le plus dur sera Chalencon-Chateauneuf 12.8 km à parcourir en 2h00 et c'est pas plat du tout !
Arrivé là haut, on me dit que j'ai un problème de balise, je suis annoncé dnf. Du coup je comprends mieux pourquoi mon téléphone n'arrête pas de sonner. Pas grave, il faut enchainer. Surtout qu'on a perdu du temps sur ce tronçon et que mes estimations me disent plutôt 19h30 que 19h00 au camping.
On déclenche l'opération coup de poing, Cyrano 4'/1'. Dès que ça descend ou que c'est plat, on court.
Dernier tronçon 9,5 Km, c'est fou mais ça va passer !
On a tellement peur de ne pas rentrer que je vais motiver manu à accélérer jusqu'au bout du bout.
Enfin la descente vers le camping, on voit l'arche au loin, les copains sont autour de nous, c'est l'ivresse des derniers hectomètres.
On se prend la main et on franchit l'arche comme dans un rêve !
L'accueil est exceptionnel ! Hors norme ! Tout le monde est là et nous applaudit !
C'est magique !
Les larmes montent et je ne fais rien pour les retenir, c'est tellement beau ! Quelle grande famille d'ultra !
Je n'oublierai jamais ces moments en ta compagnie, Manu![]()
Une bière (Merci Oliver), une douche, le repas et la remise des prix, je vais vivre tout ça dans un état second et j'ai encore des hallucinations en rentrant avec Christophe vers le camping...
Je vais mettre quelques jours à m'en remettre, surtout la grosse ampoule sous le pied droit qu'Isa a même photographiée au 186.
Merci à tout ceux qui nous ont encouragé, sur le parcours ou à distance, merci à Lolo et Isa pour leur magnifique et terrible épreuve, aux bénévoles sans qui rien n'est possible.
Bien sûr merci à ma femme et mes enfants qui supportent (comprennent ?) mes délires.![]()
Encore toutes mes félicitations Guillaume avec Manu vous avez fait une course de rêve![]()
![]()
![]()
spikeb91 a écrit::hello:![]()
Voici le cr de mon aventure en terre Ardéchoise.
Je vais tout rédiger à la troisième personne, pas que j'ai chopé le melon, mais cette course, nous l'avons faite à deux avec Manumds.
Les prémices
J'ai toujours pensé que ça n'était pas une course pour moi. Trop dure. Et d'ailleurs c'était clairement marqué dans le règlement (que j'avais lu par hasard) qu'il fallait justifier d'une course du même acabit, ce qui n'était pas mon cas. Jusqu'au jour où je suis tombé sur une discussion fb entre Anthony et Nico Barreau, qui parlaient de l'UA, et qui à ma connaissance n'avaient pas ce genre de références.
Ils m'ont un peu chauffé.
Et je suis faible![]()
J'ai fini par appelé Lolo et envoyer mon bulletin, d'une main tremblante.
Ça n'est pas que je m'étais soudainement laissé poussé les couilles, juste que j'aurais eu trop de regrets en suivant les copains sur mon ordi comme je venais de le faire quelques jours plus tôt avec le Spartathlon (oui, je me suis inscrit tôt)
Comme quoi, on n'est pas obligé de parler du Spartathlon dans un cr de l'UA, mais ça peut arriver.
Rendez vous est donc pris en Ardèche pour le joli moi de mai...
L'entrainement
La théorie c'était ça:
Augmenter progressivement le volume jusqu'à pouvoir faire des semaines de plus de 100 pour le mois d'avril.
Bouffer des côtes.
Répartir ça en phases conclues par des objectifs intermédiaires.
1) phase de vitesse () ---> 6h de Lisses (ça sera finalement 6h en off à Palaiseau, Cloclo
)
2) travail de marche ---> Paris Mantes (l'idée m'avait été soufflée par un certain Manumds, un soir de débauche parisienne)
3) phase de force avec muscu toussa toussa et côtes ---> Ecotrail (tiens, avec Manumds)
4) phase spécifique axé sur la vs ---> reco de l'U2B ( 64km 2200 D+)
5) récup
J'ai à peu près respecté ces 4 phases sauf que je n'ai vraiment pas beaucoup fait de muscu![]()
L'avant course
Manu et moi avons opté pour le train, moins de fatigue. Nous devons nous retrouver dans le même "carré" de tgv, mais au final, c'est dans le wagon bar que nous nous donnons du courage quelques idées de progression et notamment le fait de faire au moins une vraie pause au 117ème si nous arrivons avec assez d'avance. Je me souviens que ça m'avait bien réussi au 24h de Champigneulles et j'essaye de convaincre Manu. Comme on n'a pas le droit à la bière, on boit du café, peut-être un peu trop mais il me faut vraiment évacuer tout ce stress.
Question drop bags, ça sera vêtements chauds au 72, frontale au 95 et vêtements secs et frais au 186.
Arrivée à Alboussière, nous sommes accueillis par Laurent et invités à déposer nos fameux drop bags dans les caisses adéquates (comme Sheila).
Je vais monter ma tente sous une pluie fine, je suis déjà mouillé et j'ai déjà froid.
Du coup, petite nuit. Seul le café du matin me réchauffera un peu.
La course
Lolo avait prévenu, départ à 6h tapantes !
L'allure est tranquille, ça discute pas mal et les kilomètres défilent rapidement jusqu'au premier objectif, la barrière horaire du kilomètre 56, atteinte avec 1h15 d'avance. La première grosse bosse va arriver avec le col de l'Ardéchoise. On monte doucement mais sûrement en alternant marche et course. Ça grimpe mais ça n'est pas équivalent à ce qu'on a fait trois semaines avant dans les Vosges. C'est donc plutôt frais que nous arrivons au R7 où nous attend de quoi se sécher et se couvrir un peu plus.
Là, j'ai la désagréable surprise de trouver Nico Barreau, assis, vapote à la bouche et bière à la main. Je le remotive comme je peux mais c'est sans lui que nous repartons à l'assaut du fameux Gerbier !
La grimpette se fait bien encore une fois et sans souci jusqu'au Gerbier.
Nous y retrouvons Steph Dessartine qui a décidé d'arrêter, et JB qui a l'air en forme. Il me rassure (j'en ai besoin) sur notre progression et me dit qu'on devrait arriver avec deux heures d'avance à BH2 (Km 117). Ainsi soit-il, nous continuons notre chemin en laissant là Nico, qui nous avait repris quelques temps plus tôt, mais en y laissant un peu trop de jus.
Plus que 9 km avant le R10 où nous attendent nos deuxièmes drop bags dans lesquels se trouve ma frontale. On y arrive avant la nuit, ouf !!!
Il faut maintenant se goinfrer les 18 km de descente vers St Pierre, le fameux toboggan Ardéchois qui va faire tant de dégâts. Si nous l'avons bien encaissé par rapport à certains qui y ont laissé des plumes (ou des quadris), c'est quand même là que nous avons commencé à trouver les kilomètres de plus en plus longs, et l'arrivée à BH2 ne se fera qu'avec 1h40 d'avance. Je mange une bonne purée en compagnie de David Antoine, il a tout filmé le coquin. On y retrouve Anthony qui se remet doucement d'un malaise au ravito précédent.Il m'annonce le DNF de Magoo
. Je lui dit que nous allons faire une micro sieste (20') et il se décide à repartir avec nous. Impossible de dormir, mais je sais que ces pauses font du bien pour l'avoir expérimenté à Champipi, sur les conseils de Vieux Lion.
C'est donc à trois que nous repartons à la conquête de la deuxième moitié du parcours (enfin un peu moins, mais finalement un peu plus, enfin je me comprends...). Et ça monte. et ça descend aussi, mais quand ça descend t'as envie que ça remonte et inversement. La pause nous a fait du bien, mais pas très longtemps. Plus que le parcours, c'est la fatigue qui va se montrer impitoyable. Anthony a abandonné, je ne sais pas dire quand. Sa femme qui l'assiste nous a même proposé de nous attendre au ravito suivant, juste au cas où on bacherait. Invitation polie mais qui aurait pu nous achever, nous déclinons tout aussi poliment. Pendant les 3/4 heures du cœur de la nuit, nous allons progresser à une vitesse extrêmement faible. Peut-être 4 Km/h, et encore. Mentalement c'est très dur. Surtout que nous avons le gros coup de mou tous les deux en même temps et qu'à ce moment là il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. La seul pensée qui me fait tenir à ce moment là, c'est que je n'ai pas le droit d'abandonner Manu. Mais...
Il fait nuit.
Il pleut depuis des heures.
Je suis trempé.
Je grelotte.
Nous zigzaguons dangereusement sur la route.
J'ai des hallucinations, et Manu aussi.
Tout espoir de terminer m'a quitté.
C'est cuit.
C'est cet état mental qui me fera dire à Manu une phrase avec laquelle il n'est pas prêt d'arrêter de me chambrer : "Quand on n'a pas le niveau on ne s'inscrit pas sur ce genre de course !"
Et le tournant de la course, c'est maintenant !
Quatre concurrents arrivent de l'arrière, ils ne vont pas vite mais nous avons l'impression qu'il fondent sur nous.Quand ils nous passent, Manu me dit : "On ne va pas rendre les armes comme ça ? On va faire un baroud d'honneur et on verra bien ! "
Chiche !
Merci Manu, ta détermination sans faille a fait basculer notre course du bon côté !![]()
![]()
Le jour se lève.
La pluie s'est arrêté pour quelques instants.
Nous reprenons les quatre coureurs.
Nous arrivons à remarcher normalement et même à courir un peu, puis de plus en plus.
C'est là que la machine à calculer se remet en route dans ma caboche rassérénée !
BH3 Km 165 Dead Line 8h30
Ça peut passer !
Nous retrouvons Mimi Chevillon qui nous avait fait faux bon depuis longtemps. Je connais sa réputation de serial finisheuse, elle ne bâche jamais ! Si on est avec elle c'est que ça peut le faire !
On cravache pour refaire notre retard de la nuit, et on arrive finalement à BH3 à 8h21... On en repartira à 8h26.
Isa nous dit qu'après, il n'y a qu'à dérouler. Ça met du baume au cœur mais c'est pas vrai !![]()
Ça monte, et ça monte raide. Mais le mental est revenu, et les jambes aussi, hors de question de lâcher quoique ce soit. Le plan c'est d'optimiser tous les ravitos, voire de zapper celui qui arrive pour pouvoir prendre un peu de temps pour se changer à celui d'après. Bon, c'était sans compter sur l'accueil chaleureux des bénévoles qui nous cajolent un peu trop pour l'occasion. On y passera 20 minutes![]()
R19, le tant attendu R19 où nous avons des habits secs (et oui, comme des cons nous n'avions aucun drop bags entre le 95 et le 165) ! On se change le plus vite possible et on repart. Au taquet. De toutes façons on n'a pas le choix.
Le tronçon le plus dur sera Chalencon-Chateauneuf 12.8 km à parcourir en 2h00 et c'est pas plat du tout !
Arrivé là haut, on me dit que j'ai un problème de balise, je suis annoncé dnf. Du coup je comprends mieux pourquoi mon téléphone n'arrête pas de sonner. Pas grave, il faut enchainer. Surtout qu'on a perdu du temps sur ce tronçon et que mes estimations me disent plutôt 19h30 que 19h00 au camping.
On déclenche l'opération coup de poing, Cyrano 4'/1'. Dès que ça descend ou que c'est plat, on court.
Dernier tronçon 9,5 Km, c'est fou mais ça va passer !
On a tellement peur de ne pas rentrer que je vais motiver manu à accélérer jusqu'au bout du bout.
Enfin la descente vers le camping, on voit l'arche au loin, les copains sont autour de nous, c'est l'ivresse des derniers hectomètres.
On se prend la main et on franchit l'arche comme dans un rêve !
L'accueil est exceptionnel ! Hors norme ! Tout le monde est là et nous applaudit !
C'est magique !
Les larmes montent et je ne fais rien pour les retenir, c'est tellement beau ! Quelle grande famille d'ultra !
Je n'oublierai jamais ces moments en ta compagnie, Manu![]()
Une bière (Merci Oliver), une douche, le repas et la remise des prix, je vais vivre tout ça dans un état second et j'ai encore des hallucinations en rentrant avec Christophe vers le camping...
Je vais mettre quelques jours à m'en remettre, surtout la grosse ampoule sous le pied droit qu'Isa a même photographiée au 186.
Merci à tout ceux qui nous ont encouragé, sur le parcours ou à distance, merci à Lolo et Isa pour leur magnifique et terrible épreuve, aux bénévoles sans qui rien n'est possible.
Bien sûr merci à ma femme et mes enfants qui supportent (comprennent ?) mes délires.![]()
Popol24 a écrit:spikeb91 a écrit::hello:![]()
Voici le cr de mon aventure en terre Ardéchoise.
Je vais tout rédiger à la troisième personne, pas que j'ai chopé le melon, mais cette course, nous l'avons faite à deux avec Manumds.
Les prémices
J'ai toujours pensé que ça n'était pas une course pour moi. Trop dure. Et d'ailleurs c'était clairement marqué dans le règlement (que j'avais lu par hasard) qu'il fallait justifier d'une course du même acabit, ce qui n'était pas mon cas. Jusqu'au jour où je suis tombé sur une discussion fb entre Anthony et Nico Barreau, qui parlaient de l'UA, et qui à ma connaissance n'avaient pas ce genre de références.
Ils m'ont un peu chauffé.
Et je suis faible![]()
J'ai fini par appelé Lolo et envoyer mon bulletin, d'une main tremblante.
Ça n'est pas que je m'étais soudainement laissé poussé les couilles, juste que j'aurais eu trop de regrets en suivant les copains sur mon ordi comme je venais de le faire quelques jours plus tôt avec le Spartathlon (oui, je me suis inscrit tôt)
Comme quoi, on n'est pas obligé de parler du Spartathlon dans un cr de l'UA, mais ça peut arriver.
Rendez vous est donc pris en Ardèche pour le joli moi de mai...
L'entrainement
La théorie c'était ça:
Augmenter progressivement le volume jusqu'à pouvoir faire des semaines de plus de 100 pour le mois d'avril.
Bouffer des côtes.
Répartir ça en phases conclues par des objectifs intermédiaires.
1) phase de vitesse () ---> 6h de Lisses (ça sera finalement 6h en off à Palaiseau, Cloclo
)
2) travail de marche ---> Paris Mantes (l'idée m'avait été soufflée par un certain Manumds, un soir de débauche parisienne)
3) phase de force avec muscu toussa toussa et côtes ---> Ecotrail (tiens, avec Manumds)
4) phase spécifique axé sur la vs ---> reco de l'U2B ( 64km 2200 D+)
5) récup
J'ai à peu près respecté ces 4 phases sauf que je n'ai vraiment pas beaucoup fait de muscu![]()
L'avant course
Manu et moi avons opté pour le train, moins de fatigue. Nous devons nous retrouver dans le même "carré" de tgv, mais au final, c'est dans le wagon bar que nous nous donnons du courage quelques idées de progression et notamment le fait de faire au moins une vraie pause au 117ème si nous arrivons avec assez d'avance. Je me souviens que ça m'avait bien réussi au 24h de Champigneulles et j'essaye de convaincre Manu. Comme on n'a pas le droit à la bière, on boit du café, peut-être un peu trop mais il me faut vraiment évacuer tout ce stress.
Question drop bags, ça sera vêtements chauds au 72, frontale au 95 et vêtements secs et frais au 186.
Arrivée à Alboussière, nous sommes accueillis par Laurent et invités à déposer nos fameux drop bags dans les caisses adéquates (comme Sheila).
Je vais monter ma tente sous une pluie fine, je suis déjà mouillé et j'ai déjà froid.
Du coup, petite nuit. Seul le café du matin me réchauffera un peu.
La course
Lolo avait prévenu, départ à 6h tapantes !
L'allure est tranquille, ça discute pas mal et les kilomètres défilent rapidement jusqu'au premier objectif, la barrière horaire du kilomètre 56, atteinte avec 1h15 d'avance. La première grosse bosse va arriver avec le col de l'Ardéchoise. On monte doucement mais sûrement en alternant marche et course. Ça grimpe mais ça n'est pas équivalent à ce qu'on a fait trois semaines avant dans les Vosges. C'est donc plutôt frais que nous arrivons au R7 où nous attend de quoi se sécher et se couvrir un peu plus.
Là, j'ai la désagréable surprise de trouver Nico Barreau, assis, vapote à la bouche et bière à la main. Je le remotive comme je peux mais c'est sans lui que nous repartons à l'assaut du fameux Gerbier !
La grimpette se fait bien encore une fois et sans souci jusqu'au Gerbier.
Nous y retrouvons Steph Dessartine qui a décidé d'arrêter, et JB qui a l'air en forme. Il me rassure (j'en ai besoin) sur notre progression et me dit qu'on devrait arriver avec deux heures d'avance à BH2 (Km 117). Ainsi soit-il, nous continuons notre chemin en laissant là Nico, qui nous avait repris quelques temps plus tôt, mais en y laissant un peu trop de jus.
Plus que 9 km avant le R10 où nous attendent nos deuxièmes drop bags dans lesquels se trouve ma frontale. On y arrive avant la nuit, ouf !!!
Il faut maintenant se goinfrer les 18 km de descente vers St Pierre, le fameux toboggan Ardéchois qui va faire tant de dégâts. Si nous l'avons bien encaissé par rapport à certains qui y ont laissé des plumes (ou des quadris), c'est quand même là que nous avons commencé à trouver les kilomètres de plus en plus longs, et l'arrivée à BH2 ne se fera qu'avec 1h40 d'avance. Je mange une bonne purée en compagnie de David Antoine, il a tout filmé le coquin. On y retrouve Anthony qui se remet doucement d'un malaise au ravito précédent.Il m'annonce le DNF de Magoo
. Je lui dit que nous allons faire une micro sieste (20') et il se décide à repartir avec nous. Impossible de dormir, mais je sais que ces pauses font du bien pour l'avoir expérimenté à Champipi, sur les conseils de Vieux Lion.
C'est donc à trois que nous repartons à la conquête de la deuxième moitié du parcours (enfin un peu moins, mais finalement un peu plus, enfin je me comprends...). Et ça monte. et ça descend aussi, mais quand ça descend t'as envie que ça remonte et inversement. La pause nous a fait du bien, mais pas très longtemps. Plus que le parcours, c'est la fatigue qui va se montrer impitoyable. Anthony a abandonné, je ne sais pas dire quand. Sa femme qui l'assiste nous a même proposé de nous attendre au ravito suivant, juste au cas où on bacherait. Invitation polie mais qui aurait pu nous achever, nous déclinons tout aussi poliment. Pendant les 3/4 heures du cœur de la nuit, nous allons progresser à une vitesse extrêmement faible. Peut-être 4 Km/h, et encore. Mentalement c'est très dur. Surtout que nous avons le gros coup de mou tous les deux en même temps et qu'à ce moment là il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. La seul pensée qui me fait tenir à ce moment là, c'est que je n'ai pas le droit d'abandonner Manu. Mais...
Il fait nuit.
Il pleut depuis des heures.
Je suis trempé.
Je grelotte.
Nous zigzaguons dangereusement sur la route.
J'ai des hallucinations, et Manu aussi.
Tout espoir de terminer m'a quitté.
C'est cuit.
C'est cet état mental qui me fera dire à Manu une phrase avec laquelle il n'est pas prêt d'arrêter de me chambrer : "Quand on n'a pas le niveau on ne s'inscrit pas sur ce genre de course !"
Et le tournant de la course, c'est maintenant !
Quatre concurrents arrivent de l'arrière, ils ne vont pas vite mais nous avons l'impression qu'il fondent sur nous.Quand ils nous passent, Manu me dit : "On ne va pas rendre les armes comme ça ? On va faire un baroud d'honneur et on verra bien ! "
Chiche !
Merci Manu, ta détermination sans faille a fait basculer notre course du bon côté !![]()
![]()
Le jour se lève.
La pluie s'est arrêté pour quelques instants.
Nous reprenons les quatre coureurs.
Nous arrivons à remarcher normalement et même à courir un peu, puis de plus en plus.
C'est là que la machine à calculer se remet en route dans ma caboche rassérénée !
BH3 Km 165 Dead Line 8h30
Ça peut passer !
Nous retrouvons Mimi Chevillon qui nous avait fait faux bon depuis longtemps. Je connais sa réputation de serial finisheuse, elle ne bâche jamais ! Si on est avec elle c'est que ça peut le faire !
On cravache pour refaire notre retard de la nuit, et on arrive finalement à BH3 à 8h21... On en repartira à 8h26.
Isa nous dit qu'après, il n'y a qu'à dérouler. Ça met du baume au cœur mais c'est pas vrai !![]()
Ça monte, et ça monte raide. Mais le mental est revenu, et les jambes aussi, hors de question de lâcher quoique ce soit. Le plan c'est d'optimiser tous les ravitos, voire de zapper celui qui arrive pour pouvoir prendre un peu de temps pour se changer à celui d'après. Bon, c'était sans compter sur l'accueil chaleureux des bénévoles qui nous cajolent un peu trop pour l'occasion. On y passera 20 minutes![]()
R19, le tant attendu R19 où nous avons des habits secs (et oui, comme des cons nous n'avions aucun drop bags entre le 95 et le 165) ! On se change le plus vite possible et on repart. Au taquet. De toutes façons on n'a pas le choix.
Le tronçon le plus dur sera Chalencon-Chateauneuf 12.8 km à parcourir en 2h00 et c'est pas plat du tout !
Arrivé là haut, on me dit que j'ai un problème de balise, je suis annoncé dnf. Du coup je comprends mieux pourquoi mon téléphone n'arrête pas de sonner. Pas grave, il faut enchainer. Surtout qu'on a perdu du temps sur ce tronçon et que mes estimations me disent plutôt 19h30 que 19h00 au camping.
On déclenche l'opération coup de poing, Cyrano 4'/1'. Dès que ça descend ou que c'est plat, on court.
Dernier tronçon 9,5 Km, c'est fou mais ça va passer !
On a tellement peur de ne pas rentrer que je vais motiver manu à accélérer jusqu'au bout du bout.
Enfin la descente vers le camping, on voit l'arche au loin, les copains sont autour de nous, c'est l'ivresse des derniers hectomètres.
On se prend la main et on franchit l'arche comme dans un rêve !
L'accueil est exceptionnel ! Hors norme ! Tout le monde est là et nous applaudit !
C'est magique !
Les larmes montent et je ne fais rien pour les retenir, c'est tellement beau ! Quelle grande famille d'ultra !
Je n'oublierai jamais ces moments en ta compagnie, Manu![]()
Une bière (Merci Oliver), une douche, le repas et la remise des prix, je vais vivre tout ça dans un état second et j'ai encore des hallucinations en rentrant avec Christophe vers le camping...
Je vais mettre quelques jours à m'en remettre, surtout la grosse ampoule sous le pied droit qu'Isa a même photographiée au 186.
Merci à tout ceux qui nous ont encouragé, sur le parcours ou à distance, merci à Lolo et Isa pour leur magnifique et terrible épreuve, aux bénévoles sans qui rien n'est possible.
Bien sûr merci à ma femme et mes enfants qui supportent (comprennent ?) mes délires.![]()
Spécialement pour Spike. Je sais que tu le relis à chaque fois. Fais toi plaisir, tu le mérites![]()
jbj a écrit:Popol24 a écrit:spikeb91 a écrit::hello:![]()
Voici le cr de mon aventure en terre Ardéchoise.
Je vais tout rédiger à la troisième personne, pas que j'ai chopé le melon, mais cette course, nous l'avons faite à deux avec Manumds.
Les prémices
J'ai toujours pensé que ça n'était pas une course pour moi. Trop dure. Et d'ailleurs c'était clairement marqué dans le règlement (que j'avais lu par hasard) qu'il fallait justifier d'une course du même acabit, ce qui n'était pas mon cas. Jusqu'au jour où je suis tombé sur une discussion fb entre Anthony et Nico Barreau, qui parlaient de l'UA, et qui à ma connaissance n'avaient pas ce genre de références.
Ils m'ont un peu chauffé.
Et je suis faible![]()
J'ai fini par appelé Lolo et envoyer mon bulletin, d'une main tremblante.
Ça n'est pas que je m'étais soudainement laissé poussé les couilles, juste que j'aurais eu trop de regrets en suivant les copains sur mon ordi comme je venais de le faire quelques jours plus tôt avec le Spartathlon (oui, je me suis inscrit tôt)
Comme quoi, on n'est pas obligé de parler du Spartathlon dans un cr de l'UA, mais ça peut arriver.
Rendez vous est donc pris en Ardèche pour le joli moi de mai...
L'entrainement
La théorie c'était ça:
Augmenter progressivement le volume jusqu'à pouvoir faire des semaines de plus de 100 pour le mois d'avril.
Bouffer des côtes.
Répartir ça en phases conclues par des objectifs intermédiaires.
1) phase de vitesse () ---> 6h de Lisses (ça sera finalement 6h en off à Palaiseau, Cloclo
)
2) travail de marche ---> Paris Mantes (l'idée m'avait été soufflée par un certain Manumds, un soir de débauche parisienne)
3) phase de force avec muscu toussa toussa et côtes ---> Ecotrail (tiens, avec Manumds)
4) phase spécifique axé sur la vs ---> reco de l'U2B ( 64km 2200 D+)
5) récup
J'ai à peu près respecté ces 4 phases sauf que je n'ai vraiment pas beaucoup fait de muscu![]()
L'avant course
Manu et moi avons opté pour le train, moins de fatigue. Nous devons nous retrouver dans le même "carré" de tgv, mais au final, c'est dans le wagon bar que nous nous donnons du courage quelques idées de progression et notamment le fait de faire au moins une vraie pause au 117ème si nous arrivons avec assez d'avance. Je me souviens que ça m'avait bien réussi au 24h de Champigneulles et j'essaye de convaincre Manu. Comme on n'a pas le droit à la bière, on boit du café, peut-être un peu trop mais il me faut vraiment évacuer tout ce stress.
Question drop bags, ça sera vêtements chauds au 72, frontale au 95 et vêtements secs et frais au 186.
Arrivée à Alboussière, nous sommes accueillis par Laurent et invités à déposer nos fameux drop bags dans les caisses adéquates (comme Sheila).
Je vais monter ma tente sous une pluie fine, je suis déjà mouillé et j'ai déjà froid.
Du coup, petite nuit. Seul le café du matin me réchauffera un peu.
La course
Lolo avait prévenu, départ à 6h tapantes !
L'allure est tranquille, ça discute pas mal et les kilomètres défilent rapidement jusqu'au premier objectif, la barrière horaire du kilomètre 56, atteinte avec 1h15 d'avance. La première grosse bosse va arriver avec le col de l'Ardéchoise. On monte doucement mais sûrement en alternant marche et course. Ça grimpe mais ça n'est pas équivalent à ce qu'on a fait trois semaines avant dans les Vosges. C'est donc plutôt frais que nous arrivons au R7 où nous attend de quoi se sécher et se couvrir un peu plus.
Là, j'ai la désagréable surprise de trouver Nico Barreau, assis, vapote à la bouche et bière à la main. Je le remotive comme je peux mais c'est sans lui que nous repartons à l'assaut du fameux Gerbier !
La grimpette se fait bien encore une fois et sans souci jusqu'au Gerbier.
Nous y retrouvons Steph Dessartine qui a décidé d'arrêter, et JB qui a l'air en forme. Il me rassure (j'en ai besoin) sur notre progression et me dit qu'on devrait arriver avec deux heures d'avance à BH2 (Km 117). Ainsi soit-il, nous continuons notre chemin en laissant là Nico, qui nous avait repris quelques temps plus tôt, mais en y laissant un peu trop de jus.
Plus que 9 km avant le R10 où nous attendent nos deuxièmes drop bags dans lesquels se trouve ma frontale. On y arrive avant la nuit, ouf !!!
Il faut maintenant se goinfrer les 18 km de descente vers St Pierre, le fameux toboggan Ardéchois qui va faire tant de dégâts. Si nous l'avons bien encaissé par rapport à certains qui y ont laissé des plumes (ou des quadris), c'est quand même là que nous avons commencé à trouver les kilomètres de plus en plus longs, et l'arrivée à BH2 ne se fera qu'avec 1h40 d'avance. Je mange une bonne purée en compagnie de David Antoine, il a tout filmé le coquin. On y retrouve Anthony qui se remet doucement d'un malaise au ravito précédent.Il m'annonce le DNF de Magoo
. Je lui dit que nous allons faire une micro sieste (20') et il se décide à repartir avec nous. Impossible de dormir, mais je sais que ces pauses font du bien pour l'avoir expérimenté à Champipi, sur les conseils de Vieux Lion.
C'est donc à trois que nous repartons à la conquête de la deuxième moitié du parcours (enfin un peu moins, mais finalement un peu plus, enfin je me comprends...). Et ça monte. et ça descend aussi, mais quand ça descend t'as envie que ça remonte et inversement. La pause nous a fait du bien, mais pas très longtemps. Plus que le parcours, c'est la fatigue qui va se montrer impitoyable. Anthony a abandonné, je ne sais pas dire quand. Sa femme qui l'assiste nous a même proposé de nous attendre au ravito suivant, juste au cas où on bacherait. Invitation polie mais qui aurait pu nous achever, nous déclinons tout aussi poliment. Pendant les 3/4 heures du cœur de la nuit, nous allons progresser à une vitesse extrêmement faible. Peut-être 4 Km/h, et encore. Mentalement c'est très dur. Surtout que nous avons le gros coup de mou tous les deux en même temps et qu'à ce moment là il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. La seul pensée qui me fait tenir à ce moment là, c'est que je n'ai pas le droit d'abandonner Manu. Mais...
Il fait nuit.
Il pleut depuis des heures.
Je suis trempé.
Je grelotte.
Nous zigzaguons dangereusement sur la route.
J'ai des hallucinations, et Manu aussi.
Tout espoir de terminer m'a quitté.
C'est cuit.
C'est cet état mental qui me fera dire à Manu une phrase avec laquelle il n'est pas prêt d'arrêter de me chambrer : "Quand on n'a pas le niveau on ne s'inscrit pas sur ce genre de course !"
Et le tournant de la course, c'est maintenant !
Quatre concurrents arrivent de l'arrière, ils ne vont pas vite mais nous avons l'impression qu'il fondent sur nous.Quand ils nous passent, Manu me dit : "On ne va pas rendre les armes comme ça ? On va faire un baroud d'honneur et on verra bien ! "
Chiche !
Merci Manu, ta détermination sans faille a fait basculer notre course du bon côté !![]()
![]()
Le jour se lève.
La pluie s'est arrêté pour quelques instants.
Nous reprenons les quatre coureurs.
Nous arrivons à remarcher normalement et même à courir un peu, puis de plus en plus.
C'est là que la machine à calculer se remet en route dans ma caboche rassérénée !
BH3 Km 165 Dead Line 8h30
Ça peut passer !
Nous retrouvons Mimi Chevillon qui nous avait fait faux bon depuis longtemps. Je connais sa réputation de serial finisheuse, elle ne bâche jamais ! Si on est avec elle c'est que ça peut le faire !
On cravache pour refaire notre retard de la nuit, et on arrive finalement à BH3 à 8h21... On en repartira à 8h26.
Isa nous dit qu'après, il n'y a qu'à dérouler. Ça met du baume au cœur mais c'est pas vrai !![]()
Ça monte, et ça monte raide. Mais le mental est revenu, et les jambes aussi, hors de question de lâcher quoique ce soit. Le plan c'est d'optimiser tous les ravitos, voire de zapper celui qui arrive pour pouvoir prendre un peu de temps pour se changer à celui d'après. Bon, c'était sans compter sur l'accueil chaleureux des bénévoles qui nous cajolent un peu trop pour l'occasion. On y passera 20 minutes![]()
R19, le tant attendu R19 où nous avons des habits secs (et oui, comme des cons nous n'avions aucun drop bags entre le 95 et le 165) ! On se change le plus vite possible et on repart. Au taquet. De toutes façons on n'a pas le choix.
Le tronçon le plus dur sera Chalencon-Chateauneuf 12.8 km à parcourir en 2h00 et c'est pas plat du tout !
Arrivé là haut, on me dit que j'ai un problème de balise, je suis annoncé dnf. Du coup je comprends mieux pourquoi mon téléphone n'arrête pas de sonner. Pas grave, il faut enchainer. Surtout qu'on a perdu du temps sur ce tronçon et que mes estimations me disent plutôt 19h30 que 19h00 au camping.
On déclenche l'opération coup de poing, Cyrano 4'/1'. Dès que ça descend ou que c'est plat, on court.
Dernier tronçon 9,5 Km, c'est fou mais ça va passer !
On a tellement peur de ne pas rentrer que je vais motiver manu à accélérer jusqu'au bout du bout.
Enfin la descente vers le camping, on voit l'arche au loin, les copains sont autour de nous, c'est l'ivresse des derniers hectomètres.
On se prend la main et on franchit l'arche comme dans un rêve !
L'accueil est exceptionnel ! Hors norme ! Tout le monde est là et nous applaudit !
C'est magique !
Les larmes montent et je ne fais rien pour les retenir, c'est tellement beau ! Quelle grande famille d'ultra !
Je n'oublierai jamais ces moments en ta compagnie, Manu![]()
Une bière (Merci Oliver), une douche, le repas et la remise des prix, je vais vivre tout ça dans un état second et j'ai encore des hallucinations en rentrant avec Christophe vers le camping...
Je vais mettre quelques jours à m'en remettre, surtout la grosse ampoule sous le pied droit qu'Isa a même photographiée au 186.
Merci à tout ceux qui nous ont encouragé, sur le parcours ou à distance, merci à Lolo et Isa pour leur magnifique et terrible épreuve, aux bénévoles sans qui rien n'est possible.
Bien sûr merci à ma femme et mes enfants qui supportent (comprennent ?) mes délires.![]()
Spécialement pour Spike. Je sais que tu le relis à chaque fois. Fais toi plaisir, tu le mérites![]()
spikeb91 a écrit:Vous êtes des gosses !
manumds a écrit:Pour rebondir sur les propos de Sergio concernant la course de rêve et la réponse de JBJ.
15 jours après, j'ai toujours du mal a réaliser ce que l'on a fait, j'ai beau voir mon ardoise, ma médaille et le béret sur ma cheminée et savoir qu'on l'a fait.
Une course de rêve, mais peut-on rêver mieux après être passé si près de la correctionnelle.
En toute humilité, j'aurai tendance a dire oui, même si cela est bien entendu que de la théorie.
Comment, en optimisant les arrêts aux ravitos, en mettant des affaires sèches a plus d'endroit durant la nuit, en bouchant ce trou noir de la nuit. J'attends avec impatience les temps des différents CP
Ca devrait plus tarder ...manumds a écrit:J'attends avec impatience les temps des différents CP
Xav a écrit:Ca devrait plus tarder ...manumds a écrit:J'attends avec impatience les temps des différents CP
spikeb91 a écrit:Pour moi le pire des arrêts, c'est celui juste après BH3, on avait dit qu'on le zappait et on y a passé 20 minutes. On aurait pu y laisser la course![]()
En même temps c'est la faute aux bénévoles
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